dimanche 22 janvier 2012

Responsable et coupable

Le passé génocidaire de la France en Algérie

La colonisation de l’Algérie par la France débuta en juin 1830 lorsque la soldatesque française débarqua à Sidi-Ferruch dans la région d’Alger. Après la capitulation du Dey d’Alger le 5 juillet 1830, face à la résistance du peuple algérien, la « pacification » du pays fut obtenue au prix de la systématisation des « razzias » par le général Lamoricière et de la mise en place d’une politique de la « terre brûlée » par le maréchal Bugeaud. La première phase de la conquête, appelée « pacification », se termina en 1857 après le « nettoyage de la Kabylie ». Durant la période allant de 1830 à 1871, la France se lança dans une politique génocidaire émaillée de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité plus horribles les uns que les autres.


Youssef Girard
Mardi 27 Décembre 2011

Le passé génocidaire de la France en Algérie
Dans la nuit du 6 au 7 avril 1832, la tribu des Ouffia fut exterminée près d’El-Harrach (Maison-Carrée) par le gouvernement du duc de Rovigo. A ce moment, Pellissier de Reynaud affirmait : « Tout ce qui vivait fut voué à la mort ; tout ce qui pouvait être pris fut enlevé, on ne fit aucune distinction d'âge ni de sexe. Cependant l'humanité d'un petit nombre d'officiers sauva quelques femmes et quelques enfants. En revenant de cette funeste expédition, plusieurs de nos cavaliers portaient des têtes au bout de leurs lances et une d'elles servie, dit-on, à un horrible festin. » (1)


Par la suite, l’assassinat de tribus entières se renouvela à plusieurs reprises. En 1844, le général Cavaignac procéda à l’enfumage de la tribu des Sbéahs pour obtenir leur reddition. Décrivant cette « opération », le général Canrobert écrivait : « On pétarada l'entrée de la grotte et on y accumula des fagots de broussailles. Le soir, le feu fut allumé. Le lendemain quelques Sbéahs se présentèrent à l'entrée de la grotte, demandant l'aman à nos postes avancés. Leurs compagnons, les femmes et les enfants étaient morts. » (2)


En 1845, dans le Dahra, devant les difficultés à réprimer une insurrection menée par un jeune chef maraboutique surnommé Boumaza, le colonel Pélissier décida d’enfumer les Ouled Riah. Ceux-ci s'étaient retranchés par centaines dans des grottes de montagnes. De grands feux furent allumés et entretenus devant les issues des grottes. Loin d’être un acte isolé, l’« enfumade » des Ouled Riah fut encouragée par le gouverneur général d’Algérie, le maréchal Bugeaud, qui ordonna au colonel Pélissier d’employer cette méthode le 11 juin 1845 : « Si ces gredins se retirent dans leurs cavernes, imitez Cavaignac aux Sbeha. Fumez-les à outrance comme des renards/ » (3)


Quelques semaines après l’« enfumade » des Ouled Riah, le colonel de Saint-Arnaud fit procéder à l’emmurement d’autres membres de la tribu des Sbéahs : « Alors je fais hermétiquement boucher toutes les issues et je fais un vaste cimetière. La terre couvrira à jamais les cadavres de ces fanatiques. Personne n'est descendu dans les cavernes ; personne... que moi ne sait qu'il y a là-dessous cinq cents brigands qui n'égorgeront plus les Français. Un rapport confidentiel a tout dit au maréchal simplement, sans poésie terrible ni images. » (4)


Au-delà de ces multiples crimes contre l’humanité, les correspondances et les mémoires des acteurs de la conquête abondent en témoignages qui attestent des velléités génocidaires des conquérants et du caractère systématique de l’entreprise exterminatrice. La chasse à l’homme fut le titre de l’ouvrage du Comte d’Hérisson (5).  Dans ses Lettres, le lieutenant-colonel de Montagnac évoquait clairement son projet exterminateur : « Tous les bons militaires que j’ai l’honneur de commander sont prévenus par moi-même que, s’il leur arrive de m’amener un Arabe vivant, ils reçoivent une volée de coups de plat de sabre. » (6). Face à la résistance algérienne, l’anéantissement et la déportation étaient les solutions proposées par Montagnac : « Voilà, mon brave ami, comment il faut faire la guerre aux Arabes : tuer tous les hommes jusqu’à l’âge de quinze ans, prendre toutes les femmes et les enfants, en charger des bâtiments, les envoyer aux îles Marquises ou ailleurs ; en un mot en finir, anéantir tout ce qui ne rampera pas à nos pieds comme des chiens… » (7).


Gouverneur général de l’Algérie et à la tête du corps expéditionnaire, Bugeaud justifia toutes les exactions commises par les troupes françaises. En 1842, il affirmait : « Il n’y a pas d’autres moyens d’atteindre et de soumettre ce peuple extraordinaire. » (8). Parlant de la guerre exterminatrice menée en Algérie par l’armée française, le colonel de Saint-Arnaud affirmait : « Voila la guerre d’Afrique ; on se fanatise à son tour et cela dégénère en une guerre d’extermination. » (9). Ces citations des principaux acteurs de la conquête de l’Algérie illustrent les projets génocidaires des autorités coloniales françaises.


Les militaires français étaient loin d’être les seuls partisans de cette conquête génocidaire de l’Algérie. Médecin à Alger, le docteur Bodichon exprimait les mêmes velléités exterminatrices dans un article publié en 1841 : « Sans violer les lois de la morale, nous pourrons combattre nos ennemis africains par la poudre et le fer joints à la famine, les divisions intestines, la guerre par l’eau-de-vie, la corruption et la désorganisation […] sans verser le sang, nous pourrons, chaque année, les décimer en nous attaquant à leurs moyens d’alimentation. » (10).


Des intellectuels renommés et respectés, appartenant à des courants de pensée différents voire opposés, s’enthousiasmaient pour la colonisation et allaient jusqu’à justifier « philosophiquement » crimes et massacres. Un penseur « libéral » comme Alexis de Tocqueville écrivait en 1841 : « J'ai souvent entendu en France des hommes que je respecte, mais que je n'approuve pas, trouver mauvais qu'on brûlât les moissons, qu'on vidât les silos et enfin qu'on s'emparât des hommes sans armes, des femmes et des enfants. Ce sont là, suivant moi, des nécessités fâcheuses, mais auxquelles tout peuple qui voudra faire la guerre aux Arabes sera obligé de se soumettre. » L’auteur de De la démocratie en Amérique ajoutait : « Je crois que le droit de la guerre nous autorise à ravager le pays et que nous devons le faire soit en détruisant les moissons à l'époque de la récolte, soit dans tous les temps en faisant de ces incursions rapides qu'on nomme razzias et qui ont pour objet de s'emparer des hommes ou des troupeaux. » (11).


Défenseur du droit et des humbles, Victor Hugo n’en exprimait pas moins une ferveur coloniale débordante. Dans son journal, Choses vues, Hugo rapportait un débat qu’il avait eu avec le général Bugeaud en janvier 1841. Face au manque d’enthousiasme colonial de Bugeaud, Hugo expliquait : « Je crois que notre nouvelle conquête est chose heureuse et grande. C’est la civilisation qui marche sur la barbarie. C’est un peuple éclairé qui va trouver un peuple dans la nuit. Nous sommes les Grecs du monde, c’est à nous d’illuminer le monde. Notre mission s’accomplit, je ne chante qu’Hosanna. Vous pensez autrement que moi c’est tout simple. Vous parlez en soldat, en homme d’action. Moi je parle en philosophe et en penseur. » (12).


Un penseur révolutionnaire comme Friedrich Engels se montrait lui aussi favorable à la conquête de l’Algérie par les armées françaises même s’il en critiquait les « excès ». En janvier 1848, il écrivait à propos de la conquête génocidaire de l’Algérie : « C'est très heureux que ce chef arabe [Abd el-Kader] ait été capturé. La lutte des bédouins était sans espoir et bien que la manière brutale avec laquelle les soldats comme Bugeaud ont mené la guerre soit très blâmable, la conquête de l'Algérie est un fait important et heureux pour le progrès de la civilisation […]. Et la conquête de l'Algérie a déjà obligé les beys de Tunis et Tripoli et même l'empereur du Maroc à prendre la route de la civilisation. […] Le bourgeois moderne avec sa civilisation, son industrie, son ordre, ses « lumières » relatives, est préférable au seigneur féodal ou au voleur maraudeur, et à la société barbare à laquelle ils appartiennent. » (13).


Les positions de ces différents acteurs – militaires français, penseurs libéraux ou révolutionnaires – montrent l’enthousiasme quasi unanime que suscitaient les conquêtes coloniales au sein des opinions publiques européennes en général et de la population française en particulier. Les crimes les plus horribles étaient acceptés, voire soutenus et justifiés, car les colonisés n’étaient pas considérés comme des êtres humains à part entière mais comme une sous-humanité entièrement à part. Au mieux cette sous-humanité devait être « civilisée » pour avoir l’« honneur » d’être hissée, dans un futur improbable, au niveau de l’humanité occidentale. Pour les colonisés, l’inhumanité était érigée en règle par les Européens qui divisaient les Hommes en deux catégories : les occidentaux/humains et les autres/infrahumains.


Au niveau démographique, la conquête génocidaire menée par les troupes françaises provoqua une importante baisse de la population algérienne. En quelques années, le peuple algérien fut véritablement décimé. Avant la conquête française de 1830, l’Algérie comptait entre 3 et 5 millions d’habitants sur son territoire. La population algérienne a connu un recul démographique quasiment constant durant la période de la conquête jusqu'à son étiage le plus bas en 1872. La période de la conquête de l’Algérie (1830-1871) fut marquée par trois grandes phases démographiques d'évolution de la population algérienne. De 1830 à 1856, la population algérienne tomba d’environ 5 à 3 millions d’habitants à environ 2,3 millions. Par la suite, elle remonta jusqu'à 2,7 millions en 1861 avant de connaître sa chute la plus brutale à 2,1 millions d’habitants en 1872. La population algérienne ne retrouva son niveau d’environ 3 millions d’individus qu’en 1890 (14).


En se basant sur ces chiffres, nous pouvons établir que l’Algérie a perdu entre 30 et 58% de sa population au cours des quarante-deux premières années (1830-1872) de la colonisation française. Des pertes humaines d’une telle ampleur, volontairement provoquées par une autorité politique responsable, ne peuvent être qualifiées que par le terme de génocide (15).


Durant la première phase de la conquête de 1830 à 1856, la décroissance démographique de la population algérienne s’explique par l’extrême violence des méthodes utilisées par l'armée française. Les massacres de masse, les « enfumades » et autres procédés génocidaires décimèrent la population algérienne. De plus, la politique de la « terre brûlée », décidée par Bugeaud, eut des effets dévastateurs sur les équilibres socio-économiques et alimentaires de l’Algérie. Elle provoqua des famines et favorisa le développement d’épidémies qui permirent d’accélérer le processus de conquête du pays et de mettre en œuvre une politique d’éradication du peuple algérien.


Après une période de baisse d’intensité de la violence suite à la fin de la première phase de conquête en 1857, la période 1866-1872 a vu à nouveau la population algérienne fondre sous les coups de la politique coloniale française. De 1866 à 1872 – en raison du développement d'une épidémie de choléra en 1867, de typhus et de variole de 1869 à 1872 et de la famine en 1868, de la répression de l'armée française après la grande révolte de 1871 et d’un tremblement de terre – la population algérienne diminua de plus de 500.000 personnes. La famine de 1868 aurait été responsable de la mort de 300.000 à 500.000 Algériens alors que la répression de la révolte de 1871 aurait causé la mort d’environ 300.000 personnes. Etudiant cette période, Djilali Sarri estime qu’un million d’Algériens seraient morts durant les années 1866-1872. Il parle de véritable « désastre démographique » (16).



Photo
L'attaque de Constantine par les troupes coloniales françaises le 13 novembre 1837

En 1880, le déclin démographique de la population algérienne était tel que, dans une étude intitulée La démographie figurée de l’Algérie (17), le docteur René Ricoux, chef des travaux de la statistique démographique et médicale au bureau de statistique du gouvernement général de l'Algérie, prévoyait la disparition des Algériens. Selon lui, les Berbères et les Arabes, « races inférieures » et surtout « races dégénérées », devaient tendre « à disparaître d’une façon régulière et rapide » (18).


Etudiant l’évolution démographique de la population algérienne depuis l’invasion française de 1830, le docteur Ricoux expliquait : « A notre arrivée, en 1830, la population indigène était évaluée à trois millions d’habitants. Les deux derniers recensements officiels, à peu près réguliers, donnent en 1866 : 2.652.072 habitants, et en 1872 : 2.125.051 ; le déchet en 42 ans a été de 874.949 habitants, soit une moyenne de 20.000 décès par an. Durant la période 1866-72, avec le typhus, la famine, l’insurrection, la diminution a été bien plus effrayante encore : en six ans il y a eu disparition de 527.021 indigènes ; c’est une moyenne non de 20.000 décès annuel mais de 87.000 ! » (19). Au regard de ces chiffres, le docteur Ricoux affirmait qu’ « un déchet aussi considérable (nous pouvons ajouter qu’il se reproduit régulièrement chaque année) suffit à démontrer […] que les indigènes […] sont menacés d’une disparition inévitable, prochaine. » (20).


Les prédictions apocalyptiques du docteur Ricoux ne se réalisèrent pas mais elles exprimaient clairement le « désastre démographique » frappant la population algérienne depuis le début de la conquête française en 1830. Même de farouches partisans de la domination française, comme le docteur Ricoux, reconnaissaient les conséquences dramatiques de la colonisation pour le peuple algérien qui était voué à disparaitre, à l’instar des Amérindiens ou des premiers habitants de la Tasmanie.


L’oppression du peuple algérien ne cessa pas après la période de la conquête (1830-1871). Elle se perpétua sous d’autres formes notamment par une politique de destruction de l’identité culturelle et civilisationnelle du peuple algérien. A la suite de la conquête génocidaire, la France mit en place une politique ethnocidaire visant à faire disparaître l’ensemble des caractères sociaux et culturels du peuple algérien en s’attaquant prioritairement à l’islam et à la langue arabe qui fut déclarée langue étrangère dans son propre pays. Les structures d’enseignement prévalant avant la colonisation, les mosquées et autres lieux de culte musulmans furent largement détruits.


Les massacres de masse reprirent au lendemain de la guerre 1939-1945 afin de lutter contre le mouvement national algérien qui voulait libérer l’Algérie du joug colonial français. Les massacres de mai 1945 dans le nord-constantinois firent plusieurs milliers de victimes. Après le déclenchement de la Révolution algérienne, en novembre 1954, les massacres de masse perpétrés par les troupes françaises prirent une nouvelle ampleur. Massacres, viols collectifs, tortures systématiques ou internement de populations civiles dans des camps de « regroupement », la répression française fut, durant près de huit ans (1954-1962), une suite de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Dans sa lettre de démission adressée à Robert Lacoste, ministre résident en Algérie, le secrétaire général de la police d’Alger, l’ancien résistant Paul Teitgen, qui avait été torturé par la Gestapo, n’hésita pas à comparer l’action des militaires français à celle de la police secrète du Troisième Reich (21).


Au total, cent trente deux ans de colonisation française en Algérie (1830-1862) aurait fait, selon l’historien Mostafa Lacheraf,
environ 6 millions de morts algériens (22).


Loin de s’interroger sur son histoire coloniale, la France officielle reste dans une attitude négationniste quant à son passé génocidaire en Algérie. Pour elle, la colonisation de l’Algérie est toujours vue sous un angle favorable malgré les travaux faisant état des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ayant été perpétrés durant cent trente deux années d’occupation française de la terre algérienne.


La loi du 23 février 2005 portant « reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés » est venue graver dans le marbre cette vision révisionniste de l’histoire de la colonisation française. Présenté par l’UMP, le projet de loi originel avait été discuté à l'Assemblée nationale le 11 juin 2004 sans qu’il n’y ait d’opposition particulière de la gauche parlementaire. Lors de la discussion du texte de loi au Sénat, le 16 décembre 2004, aucune objection ne fut soulevée et le groupe socialiste vota en faveur du texte main dans la main avec la droite. Finalement, le texte fut définitivement adopté le 10 février 2005 et la loi fut promulguée le 23 février 2005. 


L’article 4 alinéa 2 de cette loi prévoyait que les « programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord et accordent à l’histoire et aux sacrifices des combattants de l’armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit. » Cependant, après de multiples protestations, le Conseil constitutionnel a constaté le caractère règlementaire de l’alinéa 2 de l'article 4 afin de permettre sa suppression par simple décret.


La suppression de l’article 4 alinéa 2 a permis de passer sous silence les autres articles de la loi du 23 février 2005 qui s’inscrivent tout autant dans une perspective révisionniste. Par exemple, l’article 1 stipule que « la Nation exprime sa reconnaissance aux femmes et aux hommes qui ont participé à l'œuvre accomplie par la France dans les anciens départements français d'Algérie, au Maroc, en Tunisie et en Indochine ainsi que dans les territoires placés antérieurement sous la souveraineté française. »


De quelle « œuvre » cette loi parle-t-elle ? Des « enfumades », des viols collectifs, des tortures et autres massacres de masse ? De quels crimes de guerre et de quels crimes contre l’humanité la loi du 23 février 2005 fait-elle l’apologie ? De l’ethnocide visant à détruire la culture arabo-musulmane en Algérie ? Qui sont ces femmes et ces hommes à qui la nation française exprime « sa reconnaissance » pour « l'œuvre accomplie » ? Bugeaud, Saint-Arnaud, Montagnac, d’Hérisson ou Cavaignac ? Bodichon, Tocqueville ou Lavigerie ? Naegelen, Soustelle, Lacoste, Massu, Salan ou Bigeard ? Tous ces hommes n’ont fait que planifier, commanditer, justifier et mettre en œuvre des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité qui seraient reconnus comme tels si la France officielle reconnaissait les Algériens comme des êtres humains à part entière.


En effet, si les crimes d’Hitler sont pleinement reconnus comme tels par la France officielle, c’est avant tout parce que ses victimes sont considérées comme appartenant de plein droit à l’humanité. A l’instar de l’ensemble des peuples non-occidentaux, les Algériens n’ont pas ce privilège. Comme durant la période coloniale, la France officielle continue à traiter les Algériens et l’ensemble des non-occidentaux comme des sous-hommes. Le négationnisme de la France officielle quant à son histoire coloniale nous rappelle ce qu’Aimé Césaire dénonçait déjà au lendemain de la guerre 1939-1945 dans Discours sur le colonialisme. Selon lui, les Occidentaux ne reprochent pas à Hitler « le crime en soi, le crime contre l’homme, » « l’humiliation de l’homme en soi, » mais « le crime contre l’homme blanc », c’est-à-dire « d’avoir appliqué à l’Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu’ici que les Arabes d’Algérie, les coolies de l’Inde et les nègres d’Afrique. » (23).


Dans une France postcoloniale structurée par le racisme, seuls les crimes de masse contre l’homme blanc peuvent être pleinement reconnus comme des crimes contre l’humanité puisque les attributs de l’humanité ne sont pas entièrement reconnus aux non-occidentaux.

Notes de lecture :

(1) Julien Charles-André, Histoire de l'Algérie contemporaine. La conquête et les débuts de la colonisation (1827-1871), Paris, P.U.F, 2 édition, 1979, page 92. Cf. Sellam Sadek, « Conquête de l’Algérie : crimes de guerre et crimes contre l’humanité », in. Parler des camps, penser les génocides, Paris, Albin Michel, 1999
(2) Ibid., page 320
(3) Nouschi André, Prenant André, Lacoste Yves, Algérie, passé et présent, Paris, Ed. Sociales, 1960, page 305
(4) Julien Charles-André, Histoire de l'Algérie contemporaine. La conquête et les débuts de la colonisation (1827-1871), op. cit., page 321
(5) Comte d’Hérisson, La chasse à l’homme, Paris, Ed. Paul Ollendorf, 1866
(6) Colonel de Montagnac, Lettres d’un soldat, Paris, 1885
(7) Ibid.
(8) Maréchal Bugeaud, « A propos de la destruction des villages et des récoltes opérées chez les Béni Menaçer » (Lettre au Maréchal Soult, avril 1842)
(9) Saint-Arnaud, « Lettre du 28 mars 1843 », in Lettres du Maréchal Saint-Arnaud, Cf. Le Cour Grandmaison Olivier, Coloniser exterminer, Sur la guerre et l’Etat colonial, Paris Ed. Fayard, 2005, page 190
(10) Cf. Kateb Kamel, Européens, « indigènes » et juifs en Algérie (1830-1962), Paris, Ined/PUF, 2001, page 40
(11) de Tocqueville Alexis, « Travail sur l'Algérie », 1841. in Œuvres complètes, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1991, pages 704 et 705
(12) Hugo Victor, Choses vues, Paris, Ed. Gallimard, Folio Classique, 1972, page 168
(13) Engels Friedrich, Northern Star, 22 janvier 1848.
(14) Cf. Kateb Kamel, Européens, « indigènes » et juifs en Algérie (1830-1962), op. cit.
(15) Même s’il ne s’agit pas de comparer les crimes de masse entre eux, durant la guerre 1939-1945 les nazis exterminèrent environ 46% de la population juive européenne (environ 5,1 millions sur une population de 11 millions) et 33% de la population tzigane (environ 250.000 sur une population de 750.000).
(16) Kateb Kamel, Européens, « indigènes » et juifs en Algérie (1830-1962), op. cit., page 30
(17) Ricoux René, La démographie figurée de l’Algérie, Paris, Ed. Masson, 1880
(18) Ibid., page 260
(19) Ibid.
(20) Ibid., page 261
(21) Cf. Teitgen Paul, « Lettre de démission à Pierre Lacoste ministre résident en Algérie », 24 mars 1957. Publiée dans le journal Le Monde le 1ier octobre 1960.
(22) Cf. Lacheraf Mostefa, L’Algérie : Nation et Société, Alger, Ed. Casabah, 2004
(23) Césaire Aimé, Discours sur le colonialisme, Paris, Présence Africaine, 2004, page 14


Source : http://www.alterinfo.net/Le-passe-genocidaire-de-la-France-en-Algerie_a68694.html



"Le Monde" relance le débat sur la torture en Algérie

Le Monde.fr | • Mis à jour le

Louisette Ighilahriz, ancienne militante FLN, a été capturée par l'armée française en septembre 1957, elle a ensuite été torturée et violée.
Sans l'histoire de Louisette Ighilahriz, racontée à la "une" du Monde le 20 juin 2000, le retour de mémoire des années 2000 sur la guerre d'Algérie n'aurait pas eu lieu. Ce jour-là paraît un court récit en forme de coup de poing. "J'étais allongée nue, toujours nue. Ils pouvaient venir une, deux ou trois fois par jour. Dès que j'entendais le bruit de leurs bottes, je me mettais à trembler. Ensuite, le temps devenait interminable. Les minutes me paraissaient des heures, et les heures des jours. Le plus dur, c'est de tenir les premiers jours, de s'habituer à la douleur. Après, on se détache mentalement. C'est un peu comme si le corps se mettait à flotter..." Louisette Ighilahriz avait 20 ans quand elle s'est retrouvée, grièvement blessée, dans les locaux de la 10e division parachutiste (DP) à Alger, en septembre 1957, après un accrochage avec l'armée française. Pendant sa captivité, elle voit passer de temps à autre Massu et Bigeard, deux des plus hauts responsables militaires de l'époque. C'est un de leurs adjoints, le capitaine Graziani, qui est chargé de l'interroger. Ce pied-noir n'utilise ni la gégène ni le supplice de l'eau pour faire parler sa prisonnière. Il la viole.
Si Louisette Ighilahriz sort de l'enfer au bout de trois mois, c'est grâce à un inconnu, un certain commandant Richaud. Quand cet officier - le médecin militaire de la 10e DP - découvre l'état dans lequel elle est, il s'émeut. "Vous me faites penser à ma fille", lui dit-il, avant d'ordonner son transfert à l'hôpital, puis en prison. Louisette n'oubliera jamais cet inconnu dont elle ne connaît que le nom. Toute sa vie, elle rêvera de le retrouver pour lui dire merci. Quand elle se confie au Monde en avril 2000 à Alger, c'est dans l'espoir de le revoir. En imaginant qu'il soit toujours vivant.
Le général Bigeard à Toul, en février 2008.
L'article, sitôt publié, soulève une émotion considérable. Bigeard menace le journal d'un procès "qui le mettra à genoux" et qualifie le récit de Louisette Ighilahriz de "tissu de mensonges". "Le commandant Richaud, prétend-il, n'a existé que dans l'imagination de l'ancienne combattante algérienne." Contre toute attente, c'est le général Massu qui va donner du crédit à cette histoire. "Richaud était l'un de mes bons amis, un homme de grande qualité, un humaniste mais il est mort il y a deux ans", révèle-t-il.
Plus inattendu encore : au cours de cette interview accordée au Monde, Massu avoue que la torture "n'est pas indispensable en temps de guerre" et que l'on pourrait "très bien s'en passer". "Quand je repense à l'Algérie, cela me désole. La torture faisait partie d'une certaine ambiance. On aurait pu faire les choses différemment", ajoute-t-il. Les "regrets" de Massu créent la stupeur. S'ajoutant à l'histoire de Louisette Ighilahriz, ils déclenchent un "retour du refoulé" sur la guerre d'Algérie auquel personne ne s'attendait. "Jamais je n'aurais cru assister à cela de mon vivant", déclare, bouleversé, l'historien Pierre Vidal-Naquet.
Le général Jacques Massu (2-ème G) s'entretient le 26 novembre 1958 au sud de Palestro, en Algérie, avec les généraux Jacques Faure (D) et Maisonrouge (G) lors d'une opération militaire engagée contre les maquis FLN.
Le Monde décide alors de poursuivre son travail de mémoire, en privilégiant la parole côté algérien. Les reportages s'enchaînent. Le 9 novembre 2000, sort l'histoire de Khéïra Garne, qui vit dans un cimetière d'Alger, entre deux tombes, à demi folle. Khéïra avait 15 ans quand elle a été victime d'un viol collectif commis par des soldats français, à Theniet El-Had, au sud-ouest d'Alger. De ce drame, elle a eu un fils, Mohamed. Cet homme, qui se dit "français par le crime", ne cherche pas à identifier son père - "pour moi, un treillis vide, les yeux vides", dit-il sèchement - mais à faire reconnaître par l'administration française le préjudice qu'il a subi. Il réclame une pension en tant que victime de guerre, souffrant de troubles psychiques. Mais le ministère de la défense la lui refuse, au motif qu'il n'est pas une victime de la guerre d'Algérie puisqu'il en est... le fruit !
"SANS REGRETS NI REMORDS"
L'histoire de Khéïra et Mohamed Garne sera le prélude à une autre enquête du Monde, cette fois-ci sur les viols commis par l'armée française pendant la guerre d'Algérie. Non, les viols n'ont pas été de simples "dérapages" mais ont eu un caractère massif... Cette "découverte-redécouverte" de la guerre d'Algérie prend une tournure plus politique à partir du 31 octobre 2000, avec l'appel des douze. A l'initiative de L'Humanité, douze grands témoins, parmi lesquels Henri Alleg et Pierre Vidal-Naquet, qui avaient pris à la fin des années 1950 un engagement de premier plan, invitent l'Etat français à "promouvoir une démarche de vérité qui ne laisse rien dans l'ombre".
Le général Paul Aussaresses, 82 ans, poursuivi pour "apologie de crimes de guerre" arrive, le 06 juillet 2001 dans la salle d'audience du tribunal correctionnel de Paris, pour une audience de fixation des dates de son procès.
C'est dans ce contexte que le général Aussaresses sort de l'ombre pour la première fois. Dans une longue interview publiée par Le Monde le 23 novembre 2000, le coordinateur des services de renseignements à Alger en 1957 dévoile les secrets de la "Grande Muette". Pourquoi parle-t-il, à 82 ans ? Non parce que sa mémoire le tourmente, mais parce qu'il s'ennuie. Il a trouvé une oreille pour l'écouter. Pendant deux mois, le vieux général à l'œil bandé - une opération de la cataracte qui a mal tourné - vient au journal, alors installé rue Claude-Bernard. Autour d'un café, il raconte sa vie. Informels, ces entretiens se transformeront en interview.
L'homme est complexe. Cultivé - ancien khâgneux, il a soutenu un mémoire sur la place du merveilleux dans l'œuvre de Virgile - mais usant d'un langage souvent sommaire, il n'en est pas à un paradoxe près. Cet inconditionnel du général de Bollardière, célèbre militant contre la torture, avoue "sans regrets ni remords" avoir torturé en Algérie et procédé lui-même à des exécutions sommaires. Il n'est plus question de "bavures" mais de la reconnaissance d'un système. C'est la première fois qu'un haut gradé français l'admet, et même s'en vante. Quatre mois plus tard, Aussaresses ira encore plus loin dans un livre (Services spéciaux, Algérie 1955-1957, Plon-Perrin) - en réalité la retranscription de ses souvenirs confiés au service historique de l'armée de terre (SHAT), qui l'a contacté au lendemain de ses premiers aveux. Le vieux général revendique l'exécution, en 1957 à Alger, d'Ali Boumendjel, célèbre avocat engagé auprès du FLN, et celle de Larbi Ben M'Hidi, "le Jean Moulin algérien".
AUX MARCHES DE L'ELYSÉE
Pour avoir jeté un pavé dans la mare, Paul Aussaresses sera dégradé de la Légion d'honneur, en 2005, par Jacques Chirac. "On m'a puni pour ce que j'ai dit, pas pour ce que j'ai fait", rumine, aujourd'hui encore, cet ancien héros de la France libre, dans le petit village proche de Strasbourg où il habite avec sa femme.
Ce même 23 novembre 2000, paraît dans Le Monde une nouvelle interview du général Massu. Ce sera la dernière qu'il accordera avant sa mort, deux ans plus tard. "La torture est quelque chose de moche. C'est un engrenage dangereux, déclare-t-il. Institutionnaliser la torture, je pense que c'est pire que tout !" C'est la première fois que des acteurs de la guerre d'Algérie, et non des moindres, reconnaissent publiquement ce que des intellectuels, des journalistes, des historiens, se sont évertués à faire savoir dans les années 1950. L'important n'est pas tant ce que disent Massu et Aussaresses, mais le fait que ce sont eux qui le disent.
Jean-Marie Le Pen, lors de la convention présidentielle du FN, le 18 février à Lille.
Le 21 avril 2002, la France découvre, entre stupeur et tremblements, que Jean-Marie Le Pen est aux marches de l'Elysée. Le leader du Front national a éclipsé au premier tour de l'élection présidentielle le candidat socialiste, Lionel Jospin, et se retrouve en lice pour le second tour avec le président sortant, Jacques Chirac. Le Monde s'estime alors en droit de passer outre les lois d'amnistie qui imposent le silence sur la torture et de révéler le passé du président du Front national. Jeune député poujadiste, engagé volontaire en Algérie, Jean-Marie Le Pen a contribué à mettre en œuvre la "torture à domicile", au premier trimestre 1957.
L'enquête du Monde sort en deux temps. Le 4 mai 2002, à l'avant-veille du second tour de la présidentielle, paraît "l'affaire du poignard" : une nuit d'horreur à la Casbah d'Alger, durant laquelle un indépendantiste algérien, Ahmed Moulay, est torturé devant sa femme et ses six enfants par une vingtaine de parachutistes français conduits par un homme grand, blond, fort, que tout le monde appelle "mon lieutenant". Quelques semaines plus tard, la photo de cet homme apparaît à la " une " de la presse algéroise. La famille Moulay a un choc. L'homme est au garde-à-vous devant le général Massu, qui lui remet la Légion d'honneur. Son nom s'étale en toutes lettres : Jean-Marie Le Pen.
Quand les parachutistes quittent la maison des Moulay à l'aube du 3 mars 1957, après avoir achevé le père d'une rafale de mitraillette, ils oublient sur place un poignard. Mohamed Cherif, 12 ans, l'un des enfants du supplicié, s'en empare et le cache. Sur le fourreau de l'arme, on peut lire l'inscription : JM Le Pen, 1er REP.
La seconde partie de l'enquête du Monde sort le 4 juin 2002, peu avant le premier tour des élections législatives. Il s'agit du témoignage de quatre anciens combattants algériens - Abdelkhader Ammour, Mustapha Merouane, Mohamed Amara et Mohamed Abdellaoui - qui accusent nommément Jean-Marie Le Pen de tortures à Alger, en 1957. Cette seconde "salve" fait réagir le prétendant à l'Elysée. Le leader d'extrême droite convoque une conférence de presse à Paris pour dénoncer une "machination immonde" et annoncer qu'il entame une procédure en justice contre Le Monde.
SCHMITT, PRIS À SON PROPRE PIÈGE
Maurice Schmitt, officier lors de la guerre d'Algérie, a été mis en cause le 14 juin 2001 par une ancienne militante du FLN, Malika Koriche, torturée pendant l'été 1957 à Alger.
Une année s'écoule. Le 26 juin 2003, la 17e chambre valide l'enquête du journal et la qualifie de "particulièrement sérieuse et approfondie". Par son ampleur exceptionnelle, - 50 pages - le jugement est de poids. Le tribunal reconnaît "la bonne foi" du journal et sa légitimité à "informer ses lecteurs sur des circonstances qui lui paraissent dignes d'intérêt et offrant une crédibilité certaine". Le président du FN est donc débouté de sa plainte en diffamation. Mais il fait appel. Le 6 octobre 2004, la cour d'appel confirme en tous points le jugement de première instance. Le Pen est à nouveau débouté. Son pourvoi en cassation est rejeté.
De l'autre côté de la Méditerranée, les Algériens suivent avec passion et émotion le débat qui agite la France depuis juin 2000. Un à un, les "témoins humiliés de l'ombre" - selon l'expression de Paul Teitgen, secrétaire général de la préfecture d'Alger, qui s'opposa à Massu - relèvent la tête. C'est ainsi que le général Schmitt se retrouve pris à son propre piège à l'automne 2004. Alors qu'il dénonce les tortures commises à Abou Ghraib, en Irak, par l'armée américaine, une certaine Esmeralda sort du silence.
Dans un petit livre titré Un été en enfer (Editions Exils), elle dévoile le passé de tortionnaire de celui qui, bien avant de devenir le chef d'état-major des armées françaises, a dirigé l'un des plus célèbres centres d'interrogatoires d'Alger : l'école Sarouy. Bien qu'inédit, le récit d'Esmeralda n'a pas été reconstruit postérieurement, ce qui lui donne d'autant plus de force. Le manuscrit originel figure en effet dans les archives de l'année 1957 d'Hubert Beuve-Méry, le fondateur du Monde. Le journal, qui dispose depuis plusieurs années d'informations sur le général Schmitt, décide alors de relancer son enquête.
Le 19 mars 2005, Le Monde publie les témoignages de cinq anciens combattants algériens, Lyès Hani, Mouloud Arbadji, Mohamed Bachali, Zhor Zerari et Rachid Ferrahi. Ces témoins désignent le général Schmitt, lieutenant à l'époque, comme "chef d'orchestre de leurs tortures". L'un d'eux précise : "Il jouissait particulièrement quand l'un de nous était humilié." Sollicité pour donner sa propre version des événements, le général Schmitt décline la proposition du Monde mais accepte celle de France Inter. A la radio, l'ancien chef d'état-major dément avec indignation ces accusations de tortures et parle de "pure affabulation" et de "vengeance tardive" de la part d'Algériens qui veulent faire parler d'eux.
Avec cette enquête sur le général Schmitt se referme le retour de mémoire des années 2000 sur la guerre d'Algérie. Fatigue. Usure... Le Monde choisit de s'arrêter là. Le couvercle retombe en France. En Algérie, en revanche, le débat se poursuit de façon chaotique, entre deux tentatives de récupération par le pouvoir politique.
Les uns après les autres, les survivants algériens disparaissent sans avoir obtenu ce qu'ils réclament depuis un demi-siècle : non pas une "repentance" comme on l'imagine à tort mais la reconnaissance solennelle, par la France, de ce qu'ils ont subi. Ils ne crient pas vengeance, n'espèrent aucune compensation financière. Ils veulent seulement qu'on dise la torture, les déportations, les regroupements de populations, les viols, les exécutions sommaires... Qu'on cesse, surtout, de renvoyer dos à dos le FLN et l'armée française. Qu'on ne prétende plus que la torture a été employée "pour sauver des vies innocentes" alors qu'elle était pratiquée de façon routinière dès le début de la colonisation, donc bien avant le soulèvement de 1954 et les attentats à la bombe commis par le FLN. Les Algériens ont besoin que l'on mette des mots sur leurs souffrances. Le pardon est possible, mais pas le déni. Si la France accepte un jour de regarder son passé en face et de l'assumer, alors les Algériens tourneront pour de bon cette page noire, au lieu de la ressasser encore et encore, dans la douleur.

1- Dans
Le Monde du 23 novembre 2000, le général Massu "regrette", le général Aussaresses admet qu'il y a eu emploi de la torture, voire s'en vante.
2- Après ses aveux, le général Aussaresses sera dégradé de la Légion d'honneur par le président Jacques Chirac, en 2005.

Cet article est tiré du Hors-Série du Monde : "Guerre d'Algérie. Mémoires parallèles", disponible en librairie et dans la boutique du Monde.fr.